Accepter l'Incertitude

L'intolérance à l'incertitude a été décrite pour la première fois chez les personnes souffrant de trouble d'anxiété généralisée (TAG). De nombreux comportements associés au TAG, tels que l'inquiétude et l'évitement, peuvent être décrits comme des tentatives d'accroître le sentiment de certitude : l'inquiétude est une tentative d'anticiper et de prévoir des conséquences potentiellement négatives, l'évitement et le fait de "s'en tenir à ce qui est connu et sûr" réduisent l'exposition à l'inconnu. Des recherches récentes ont reconnu l'intolérance à l'incertitude comme un facteur de risque transdiagnostique pour de nombreux états cliniques, notamment l'anxiété, la dépression, le trouble obsessionnel-compulsif et les troubles alimentaires. Une approche comportementale pour traiter l'intolérance à l'incertitude consiste à encourager les patients à introduire progressivement des événements incertains dans leur vie. Grâce à un processus d'exposition et d'accoutumance, nous pouvons aider les patients à adopter un comportement plus souple.

Description

Les métaphores utilisées pour décrire les personnes intolérantes à l'incertitude parlent de leur comportement comme s'ils étaient "allergiques à l'incertitude", ou comme s'ils avaient une "phobie de l'incertitude". De nombreux comportements associés au TAG, tels que l'inquiétude et l'évitement, peuvent être présentés comme des tentatives d'accroître le sentiment de certitude. Compris de cette façon, l'inquiétude est une tentative d'anticiper et de prévoir des conséquences potentiellement négatives, et l'évitement et le fait de " s'en tenir à ce qui est connu et sûr " réduisent l'exposition à l'inconnu.

Malheureusement, les tentatives de se sentir mieux en augmentant son sentiment de certitude ont souvent des conséquences inattendues. Par exemple, tenter de "penser à l'avenir" afin de prévoir les difficultés peut entraîner une inquiétude qui semble incontrôlable et génère en fait davantage de possibilités incertaines et d'anxiété. En essayant de s'en tenir à ce qui est connu et sûr, on peut se sentir moins sûr de soi lorsqu'on est inévitablement confronté à la nouveauté et au changement. Dans le contexte des TOC, la vérification compulsive comme stratégie pour augmenter son sentiment de certitude conduit en fait à une augmentation du doute (Radomsky et al, 2014).

Wilkinson, Meares & Freeston (2011) décrivent diverses stratégies pour surmonter l'intolérance à l'incertitude. Une approche cognitive consiste à comprendre les croyances et les règles d'un individu en matière d'incertitude (par exemple, "Si je me lance dans une situation incertaine sans me préparer, alors je ne serai pas capable de faire face"), puis à les tester par des expériences comportementales. Une approche plus comportementale de l'intolérance à l'incertitude consiste à encourager les patients à introduire progressivement des événements incertains dans leur vie. Grâce à un processus d'exposition et d'accoutumance, les patients peuvent être aidés à adopter un comportement plus souple.

L'exercice " Accepter l'incertitude " décrit le continuum de l'intolérance à l'incertitude, la raison pour laquelle il faut s'exposer à des situations incertaines, et suggère des tâches " d'acceptation de l'incertitude " que les patients peuvent être encouragés à essayer.

Instructions

Les thérapeutes peuvent présenter cet exercice dans les termes suivants :

"Lorsque les gens trouvent les situations incertaines anxiogènes, nous disons parfois qu'ils sont 'intolérants à l'incertitude'. C'est presque comme si elles avaient une réaction allergique aux situations dont elles ne connaissent pas l'issue. En ce sens, c'est un peu comme une phobie. Certaines personnes intolérantes à l'incertitude peuvent éviter d'essayer de nouvelles activités, ou éviter les situations qu'elles ne peuvent pas contrôler ou prévoir. D'autres essaient de réduire l'incertitude chaque fois qu'elles le peuvent. Par exemple, elles peuvent se renseigner autant que possible avant d'aller dans un nouvel endroit, commander le même repas au restaurant ou s'asseoir au même endroit dans un train. Cela vous semble-t-il familier ?
Les psychologues ont découvert un bon moyen d'aider les gens à surmonter des peurs de ce genre : l'exposition graduelle. Pour aider une personne souffrant de phobie à surmonter sa peur des chiens, on lui présente progressivement des chiens - peut-être des images, puis un chiot, et enfin des chiens plus grands. Nous pouvons procéder de la même manière lorsque les gens ne tolèrent pas l'incertitude. En introduisant progressivement des éléments d'incertitude dans votre vie, nous pouvons vous aider à vivre davantage la vie que vous souhaitez mener. Seriez-vous prêt à explorer comment nous pourrions faire cela ensemble ?".

Références