Colère - Journal d'Autosurveillance

Le développement des compétences en matière d'autosurveillance apprend aux clients à observer et à enregistrer systématiquement des cibles spécifiques telles que leurs propres pensées, leurs sensations corporelles, leurs émotions et leurs comportements. Bien qu'elle soit généralement introduite au début du processus thérapeutique, elle peut continuer à fournir une mesure peu coûteuse et constante des symptômes et des comportements problématiques tout au long du traitement.
Le journal d’autosurveillance de la colère est conçu pour aider les patients à saisir des informations sur les situations dans lesquelles ils ont éprouvé des sentiments de colère ou réagi de manière agressive.

Description

L'autosurveillance est une technique par laquelle les patients apprennent à observer et à enregistrer systématiquement des cibles spécifiques telles que leurs propres pensées, sensations corporelles, émotions et comportements. L'objectif est d'améliorer la conscience qu'ont les patients de leurs expériences et des contextes dans lesquels elles se produisent, afin de les aider à mieux comprendre leurs symptômes et leurs difficultés. L'autosurveillance favorise la collaboration entre le thérapeute et le patient, et crée des occasions de formuler et de tester des hypothèses sur ces difficultés. L'autosurveillance est généralement introduite au début de la thérapie et constitue une mesure peu coûteuse et continue des symptômes et des comportements problématiques tout au long du traitement.

Qu'est-ce que l'autosurveillance ?

L'autosurveillance est à la fois une méthode d'évaluation et une intervention (Korotitsch & Nelson-Gray, 1999 ; Proudfoot & Nicholas, 2010). Utilisée couramment dans le cadre de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), elle contribue à une grande variété de traitements fondés sur des données empiriques (Persons, 2008 ; Korotitsch et Nelson-Gray, 1999) et se compose de deux parties : la discrimination et l'enregistrement (Korotitsch et Nelson-Gray, 1999).

La discrimination consiste à identifier et à remarquer les phénomènes ciblés. Cette étape peut être difficile pour les patients. Il se peut que ce soit la première fois qu'ils portent leur attention et leur conscience sur leurs symptômes, leurs pensées et leurs émotions, et certains patients expriment leur inquiétude à l'idée de "bien faire les choses". Les thérapeutes peuvent simplifier l'exercice en demandant au patient de noter uniquement si les cibles sont présentes ou absentes, ou en variant les questions qu'ils utilisent pour sonder ces pensées et ces sentiments. Par exemple, au lieu de se concentrer sur les pensées et les images mentales les plus difficiles à saisir, on peut demander aux patients de surveiller les sensations corporelles ou les comportements les plus saillants (Kennerley, Kirk et Westbrook, 2017).

L'enregistrement est le processus de documentation des événements, généralement par le biais d'un document écrit. L'utilisation d'un dossier permet aux patients de s'autosurveiller : de distinguer la cible (par exemple, un sentiment d'anxiété), de l'enregistrer (par exemple, quand elle s'est produite, combien de temps elle a duré, où ils étaient et ce qu'ils faisaient) et de l'examiner (par exemple, combien de fois cela s'est produit en une semaine, ce qui était commun à différents épisodes).

Pourquoi pratiquer l'autosurveillance ?

Les patients sont encouragés à participer activement au traitement cognitivo-comportemental, afin qu'ils acquièrent les compétences et les connaissances qui les aideront à résoudre leurs difficultés. Initier les patients à l'autosurveillance est un moyen simple d'entamer ce processus.

L'autosurveillance favorise l'engagement et la motivation du patient en encourageant un sentiment de maîtrise de soi et d'autonomie (Bornstein, Hamilton et Bornstein, 1986 ; Proudfoot et Nicholas, 2010). Elle aide les patients à comprendre comment et pourquoi ces difficultés se sont développées, et comment elles sont maintenues. Cela pose les bases de l'intervention. Les registres d'autosurveillance peuvent également être très utiles pour aider les thérapeutes et les patients à identifier les facteurs contextuels de contrôle ou d'influence, qui peuvent ne pas être immédiatement apparents pendant les séances de thérapie (Korotitsch & Nelson-Gray, 1999).

Les données issues des registres d'autosurveillance constitueront souvent la base de la formulation des cas et de la planification des interventions (Cohen et al, 2013 ; Proudfoot & Nicholas, 2010). Les différentes formes d'autosurveillance fournissent différents types d'informations, qui peuvent servir différents objectifs.

Par exemple :
- Les données d'autosurveillance peuvent aider à définir une hiérarchie des problèmes en identifiant les problèmes les plus fréquents, ou ceux qui affectent le plus gravement le bien-être d'un patient.
- Les données issues de l'autosurveillance peuvent être utilisées pour identifier des schémas ou des styles de pensée inutiles (par exemple, la rumination, la catastrophisation), ou pour examiner les domaines de préoccupation d'un patient.
- L'autosurveillance peut être utilisée pour explorer le contexte ou les déclencheurs d'une pensée, d'un sentiment ou d'un comportement particulier.
- L'autosurveillance peut mettre en évidence des comportements spécifiques d'adaptation ou d'évitement que le patient utilise pour gérer ses sentiments.

Quand faut-il pratiquer l'autosurveillance ?

L'autosurveillance est souvent enseignée tôt, pendant la phase d'évaluation de la thérapie. Elle peut être particulièrement utile lorsque le phénomène cible est caché et ne peut être observé que par les patients eux-mêmes (Cohen et al, 2013). La rumination, l'autocritique ou l'automutilation sont des exemples de cibles cachées.

Au début de la thérapie, on peut demander aux patients de réaliser des tâches simples d'autosurveillance, comme noter la fréquence de certains comportements ou émotions. Ces tâches peuvent ensuite évoluer vers des registres plus sophistiqués qui explorent les déclencheurs, les pensées et les conséquences liés à des événements spécifiques. Au fur et à mesure que l'intervention progresse, l'autosurveillance peut être utilisée pour suivre l'adhésion (par exemple, la fréquence à laquelle un patient utilise une nouvelle stratégie ou une technique d'adaptation) et l'efficacité d'une intervention (par exemple, la fréquence à laquelle le patient présente des symptômes problématiques ou met en œuvre de nouvelles réponses).

Comment se déroule l'autosurveillance ?

L'autosurveillance doit être effectuée par le patient pendant ou peu après un événement. Si le patient éprouve des difficultés à accéder à ses pensées ou à ses émotions, l'autosurveillance peut commencer par se concentrer sur des expériences plus tangibles, comme les sensations corporelles ou les comportements manifestes (Kennerley, Kirk et Westbrook, 2017). La cible de l'autosurveillance doit être discutée et convenue avec le patient en utilisant des définitions et des exemples spécifiques, la discrimination et le registre étant d'abord pratiqués en séance jusqu'à ce que le patient se sente en confiance.

Une formation efficace utilise des instructions claires et simples qui peuvent être facilement révisées. Il a été démontré que la précision de l'autosurveillance diminue lorsque les individus essaient de surveiller plus d'un comportement ou d'accomplir des tâches simultanées (Korotitsch & Nelson-Gray, 1999). Par conséquent, le thérapeute et le patient doivent identifier une cible unique et bien définie pour le suivi, modéliser et s'entraîner à remplir le journal, et souligner l'importance de la pratique répétée (Korotitsch & Nelson-Gray, 1999).

La précision s'améliore également lorsque les patients savent que ce qu'ils enregistrent sera soumis à l'observation du thérapeute ou vérifié d'une manière ou d'une autre (Korotitsch & Nelson-Gray, 1999). Dans cette optique, les registres d'autosurveillance doivent être examinés à chaque séance et les données doivent contribuer à la collaboration entre le patient et le thérapeute, à la formulation et à la planification des interventions.

Si un patient éprouve des difficultés répétées à effectuer son autosurveillance, le thérapeute doit se poser les questions suivantes (Korotitsch & Nelson-Gray, 1999) :
- Quelle est la compréhension du patient quant à la raison pour laquelle on lui demande de pratiquer cette autosurveillance ? Voit-il la valeur de cette démarche ?
- Y a-t-il quelque chose dans la situation actuelle du patient et dans son environnement qui pourrait interférer avec l'autosurveillance ?
- Y a-t-il trop de cibles à surveiller ?
- Le patient a-t-il besoin d'une pratique supplémentaire en séance ?
- Un autre type d'évaluation ou de registre serait-il plus approprié pour ce patient ?
- Le patient évite-t-il des expériences particulières ?
- Le patient a-t-il des croyances qui pourraient interférer avec son autosurveillance ? (par exemple, des croyances selon lesquelles il faut faire les choses "parfaitement") ?

Le journal d'autosurveillance de la colère est conçu pour aider les patients à saisir des informations sur les situations dans lesquelles ils ont éprouvé des sentiments de colère ou ont réagi de manière agressive. Elle comprend des colonnes pour enregistrer des informations sur : le contexte de la situation ; le contenu des pensées et des images de colère ; les réactions émotionnelles et physiologiques ; et les réactions d'adaptation.

Une version supplémentaire "étendue" du formulaire comprend une colonne pour enregistrer les conséquences de ces réactions d'adaptation, ce qui peut aider les thérapeutes à formuler des hypothèses sur la manière dont les stratégies d'adaptation existantes du patient contribuent à entretenir sa colère.

Instructions

"Un excellent moyen d'en savoir plus sur votre expérience de ces pensées, sentiments et réactions de colère est d'utiliser un journal d'autosurveillance. C'est comme un registre qui vous permet de consigner les moments où un problème survient, ainsi que tout détail important qui pourrait nous aider à mieux comprendre le fonctionnement de votre colère. Accepteriez-vous d'en remplir un avec moi maintenant ?"

Étape 1 : Choix de l'objectif, du but et incitation à la collecte de données

Les journaux d'autosurveillance sont utilisés pour recueillir des informations sur des catégories spécifiques d'événements qui intéressent le patient ou qui sont liés à un problème donné. L'exactitude de l'autosurveillance diminue lorsque les individus essaient de surveiller plus d'une cible, le thérapeute et le patient doivent donc identifier une seule cible bien définie (par exemple, "Les moments où vous vous sentez en colère", "Les moments où vous avez l'impression que quelqu'un profite de vous"). L'autosurveillance est d'autant plus utile qu'elle est effectuée le plus tôt possible après l'événement cible, alors que le patient a encore une bonne mémoire de ce qui s'est passé. Pensez à demander :
- Si nous essayons de mieux comprendre votre colère, dans quel genre de situations pourrait-il être utile de recueillir des données ?
- Quand allez-vous remplir ce journal d'autosurveillance ? Quelle sera votre indication ou votre repère ?

Étape 2 : Situation

Chaque fois que le patient remarque qu'il est invité à remplir un journal d'autosurveillance, il doit être encouragé à commencer par enregistrer des informations sur la situation qui a donné lieu à cette expérience. Les informations contextuelles pertinentes peuvent être factuelles (par exemple, la date, l'heure, le lieu), externes (par exemple, les choses qu'il peut voir, entendre, toucher, sentir, goûter) ou internes (par exemple, les pensées, les images, les souvenirs). Les questions utiles à poser peuvent être les suivantes :
- Avec qui étiez-vous ?
- Que faisiez-vous ? Que se passait-il ?
- Où étiez-vous ?
- Quand cela s'est-il produit ?
- Aviez-vous conscience de quelque chose juste avant de ressentir ces sentiments de rage ?
- Qu'est-ce qui vous a fait penser qu'ils vous manquaient de respect ?

Étape 3 : Les pensées de colère

L'un des principes fondamentaux de l'approche cognitivo-comportementale est que les réactions émotionnelles et comportementales des gens face à un événement sont déterminées par l'évaluation qu'ils font de cette situation ("ce que vous pensez affecte ce que vous ressentez"). Il est important d'aider les patients à remarquer et à identifier leurs pensées, interprétations et prédictions automatiques. Les images ou les souvenirs automatiques des patients peuvent également être analysés pour en déterminer la signification :
- Qu'est-ce qui vous est passé par la tête lorsque vous avez pris conscience de ?
- Lorsque cette s'est produite, qu'avez-vous pensé ?
- Lorsque vous avez remarqué , que pensiez-vous qu'il allait se passer ? (prédiction)
- Vous avez dit qu'au moment où cela s'est produit, vous aviez une image dans votre esprit de . Que pensez-vous que cette image signifiait ?

Étape 4 : Émotions et sensations corporelles

Les journaux d'autosurveillance sont l'occasion d'éduquer les patients sur le modèle cognitivo-comportemental, et plus particulièrement sur les liens entre les pensées, les émotions, la physiologie et le comportement. On peut aider les patients à explorer leur réponse émotionnelle à leur interprétation de ce qui s'est passé, et aux événements eux-mêmes. Dans certaines circonstances, il peut être utile de demander au patient s'il a eu des pensées automatiques concernant ses réactions émotionnelles/physiologiques. Des questions utiles peuvent être posées :
- Comment vous êtes-vous senti émotionnellement lorsque vous avez eu cette ? - Avez-vous remarqué des sentiments ou des sensations dans votre corps ? Pouvez-vous les décrire ?
- Quelle était la force de ce sentiment à ce moment-là ? Pouvez-vous l'évaluer sur une échelle de 0 à 100 ?
- Lorsque vous avez remarqué que vous ressentiez cette rage bouillante, qu'est-ce qui vous est passé par la tête ?
- Lorsque vous avez ressenti cette colère, pouvait-il y avoir d'autres sentiments sous-jacents ?

Étape 5 : Réponses

La dernière étape consiste à examiner comment l'individu a réagi à la situation, à son évaluation de ce qui se passait et à ses réactions émotionnelles et physiologiques. Il est souvent utile de formuler le comportement en termes de "réponses d'adaptation" ou de "choses que vous avez faites pour faire face à ce sentiment". Pensez à demander :
- Qu'avez-vous fait pour faire face lorsque vous avez cela ?
- Qu'avez-vous fait pour gérer ce que vous ressentiez ?
- Comment avez-vous réagi à ce que vous avez ressenti ?

Étape 6 : Conséquences (facultatif)

L'exploration des conséquences d'une action peut aider à comprendre pourquoi certains modèles de comportement persistent. Certains comportements peuvent entraîner des sentiments positifs (par exemple, répondre avec colère à une provocation peut être satisfaisant), d'autres peuvent entraîner la disparition d'un sentiment indésirable (par exemple, agir de manière agressive peut amener les autres à céder et ainsi réduire le sentiment de menace), et d'autres encore peuvent avoir des conséquences positives à court terme et des conséquences négatives à long terme (par exemple, "on dirait que vous avez gagné la bataille mais perdu la guerre"). Les pistes de réflexion peuvent être les suivantes :
- Qu'est-ce qui a été utile ou non dans cette façon de réagir ?
- Comment les autres personnes ont-elles réagi lorsque vous avez agi de la sorte ? Qu'avez-vous ressenti ?
- Comment vous êtes-vous senti (a) tout de suite et (b) plus tard ?

Références

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