Fiche d'entraînement à l'attention
Lorsqu'une personne a du mal à contrôler le centre de son attention, il lui est beaucoup plus difficile d'interrompre les cycles d'inquiétude, de rumination et d'autres formes d'attention centrée sur soi. Cela peut contribuer à des problèmes tels que l'anxiété sociale. La fiche d'entraînement à l'attention aide les patients à apprendre à diriger leur attention, à l'aide d'une série d'exercices d'écoute.
Description
L'attention centrée sur soi (ACS) est un processus cognitif transdiagnostique qui a été associé à de multiples troubles (Woodruff-Borden et al., 2001). L'ACS implique une attention sélective (et souvent automatique) aux informations auto-référentes - sensations corporelles, pensées, émotions, croyances ou souvenirs - plutôt qu'aux informations externes (Ingram, 1990). Bien qu'elle ne soit pas toujours inadaptée, Ingram (1990) suggère que l'ACS devient problématique lorsqu'elle entraîne une " absorption de soi " : une attention excessive, soutenue et inflexible aux états internes.
La technique d'entraînement de l'attention (TEA) vise à réduire l’ACS (Wells, 1990). Elle est un élément clé de la thérapie métacognitive (Wells, 2009) et est parfois utilisée comme une technique autonome (par exemple, Papageorgiou & Wells, 2000).
La TEA et la thérapie métacognitive sont fondés sur le modèle de la fonction exécutive autorégulatrice (S-REF), également développé par Wells (Wells & Matthews, 1994). Ce modèle suggère que les troubles psychologiques résultent de stratégies d'autorégulation qui se " retournent " et entraînent une détresse accrue (Fergus & Bardeen, 2016). Le S-REF met l'accent sur un style de pensée inadapté appelé le syndrome cognitivo-attentionnel (SCA), dans lequel les individus s'engagent dans un traitement conceptuel excessif de l'information sous forme d'inquiétude et de rumination (Wells, 2009). Le SCA comprend également d'autres stratégies d'autorégulation problématiques, comme la surveillance des menaces et la suppression des pensées.
On pense que le SCA découle des croyances métacognitives (c'est-à-dire des croyances concernant la pensée d'une personne). Il s'agit notamment de croyances liées à l'adaptation (par exemple, "Si je m'inquiète, je serai mieux préparé") et à la cognition (par exemple, "Je suis incapable de contrôler mon inquiétude"). Le contrôle attentionnel joue également un rôle dans le SCA dans la mesure où il permet aux individus de se désengager du traitement conceptuel et de l'attention persévérante centrée sur soi (Reinholdt-Dunne et al., 2019). En d'autres termes, lorsque les individus peinent à contrôler le centre de leur attention, ils ont beaucoup plus de mal à interrompre les cycles d'inquiétude, de rumination et d'autres formes d'attention centrée sur soi.
Le TEA vise à améliorer le contrôle de l'attention. Pour ce faire, il utilise une série d'exercices de contrôle auditif "exigeant une implication de plus en plus grande des ressources attentionnelles" (Wells, 2000, p.88). En augmentant le contrôle de l'attention, le TEA peut aider les patients à :
Instructions
"Lorsque les gens se concentrent trop ou trop souvent sur leurs pensées, leurs sentiments, leurs sensations physiques ou leurs performances, cela peut les rendre plus angoissés. Vous arrive-t-il de vous focaliser sur vous-même ou d'être conscient de votre situation, ou de remarquer que votre attention reste bloquée sur des expériences internes perturbantes ? L'entraînement de l'attention est un moyen de remédier à ce problème. Il vise à vous donner plus de choix et de contrôle sur ce à quoi vous prêtez attention. On peut considérer qu'il s'agit de renforcer les "muscles" de l'attention, mais comme tout type d'entraînement, il faut de la pratique. Pensez-vous que l'entraînement de votre attention pourrait vous être utile ? Ce document nous guidera tout au long du processus. Vous pouvez également l'utiliser pour enregistrer l'entraînement que vous faites vous-même.”
Étape 1 : Présentez un argumentaire. Discutez des façons dont l'attention centrée sur soi peut intensifier et augmenter la détection des réactions internes, qui contribuent aux croyances et aux émotions négatives. Des justifications spécifiques aux troubles peuvent également être fournies. Par exemple :
- Le trouble panique : Se concentrer sur les symptômes physiques peut les intensifier et les faire paraître plus alarmants.
- L'anxiété liée à la santé : Se concentrer sur le corps peut exacerber les sensations corporelles normales, en accroître la conscience et déclencher des inquiétudes liées à la santé.
- L'anxiété sociale : L'attention centrée sur soi peut contribuer à déformer les images intérieures de soi et exacerber les pensées et les sentiments négatifs.
- Dépression : Le fait de ressasser des pensées et des sentiments négatifs peut les rendre plus intenses et aggraver l'humeur du client.
Rappelez au patient que la TEA n'est pas une stratégie pour contrôler ou éviter les événements internes. Au contraire, ces expériences indésirables peuvent être reconnues, traitées comme du " bruit intérieur " pendant la TEA et considérées comme une occasion d'améliorer le contrôle de l'attention (Fergus et Bardeen, 2009).
Étape 2 : Vérifiez la crédibilité de la TEA. Vérifiez si le patient pense que la TEA sera utile (par exemple : "Sur une échelle de 0 à 100, dans quelle mesure pensez-vous que cette formation sera utile pour surmonter vos difficultés ?"). Si le patient ne pense pas que la TEA est crédible, cherchez à savoir pourquoi et mettez en évidence son utilité potentielle (par exemple, répétez le raisonnement).
Étape 3 : Obtenir une évaluation de l'attention portée à soi. Avant de procéder à une TEA, demandez au patient d'évaluer l'intensité de sa concentration sur lui-même. Wells (2000) recommande d'utiliser une échelle de Likert en sept points allant de -3 ("Je suis entièrement centré sur l'extérieur") à +3 ("Je suis entièrement centré sur moi-même").
Étape 4 : Entraînement. La TEA est d'abord pratiqué avec le thérapeute. Le patient concentre son regard sur un point du mur et garde les yeux ouverts tout au long de l'exercice. Dans la première phase (attention sélective), le patient écoute neuf sons en séquence (par exemple, la voix du thérapeute, le tapotement d'une table, le tic-tac d'une horloge) en ignorant tous les autres sons. Wells (2000) recommande d'incorporer trois sons dans le cabinet de consultation et six sons à l'extérieur. Dans la deuxième phase (changement d'attention), le patient déplace rapidement son attention entre ces sons. Enfin, dans la troisième phase (attention divisée), le patient se concentre sur tous les sons simultanément. La TEA dure généralement entre 10 et 15 minutes (Fergus & Bardeen, 2016 ; Wells, 2000).
Étape 5 : Feedback. Expliquez comment le patient a vécu la TEA, y compris les difficultés rencontrées. Normalisez le fait que la TEA peut être difficile au début, et corrigez les malentendus qui ont pu apparaître (par exemple, le patient pense que les pensées distrayantes signifient qu'il n'a pas fait la TEA correctement). Rappelez au patient que le but n'est pas de se débarrasser des pensées ou des sentiments qui le distraient, mais de diriger son attention d'une manière particulière (Wells, 2000).
Étape 6 : Obtenez une évaluation de l'attention portée à soi. Obtenez une deuxième évaluation de l'attention portée à soi après la TEA. Un changement de 2 points sur l'échelle mentionnée plus haut (vers une plus grande concentration sur l'extérieur) est typique. Si ce n'est pas le cas, examinez les difficultés qui ont pu surgir pendant l'exercice et répétez-le si nécessaire. Un changement limité peut indiquer que le patient tente de contrôler des expériences internes indésirables ou qu'il divise son attention en s'inquiétant ou en ruminant pendant la TEA (Wells, 2009). Ces problèmes doivent être réglés avant de tenter à nouveau la TEA.
Étape 7 : Devoirs. Rappelez au patient que la pratique de la TEA renforcera son " muscle de l'attention " (Veale, 2007). Wells (2009) suggère de pratiquer la TEA deux fois par jour pendant 10 à 15 minutes (Wells, 2000). Cependant, la durée recommandée des séances d'auto-pratique semble varier, et s'entraîner une fois par jour est souvent plus réalisable pour les individus (Fergus & Bardeen, 2016). Explorez les sons que le patient pourrait intégrer à son entraînement.
Références